Après six ans de retard suite à de nombreux recours déposés par les riverains du quartier, le projet de la Tour Occitanie doit à nouveau être réétudié par la Compagnie de Phalsbourg à Toulouse.
En effet, le tunnel qui permet le passage de la ligne C a été creusé avant la construction de la tour et non après, imposant une nouvelle étude de la structure, qui devrait prendre 8 mois.
Le chemin reste donc encore long pour la Compagnie qui a dû faire face à de ferventes oppositions au cours des 6 dernières années. Le Conseil d'État a pourtant fini par lever le dernier obstacle juridique qui menaçait le lancement des travaux en novembre 2024.
Découvrez à quoi ressemblera la Tour Occitanie et quelles sont les orientations du projet.
Une bataille juridique sur près d'une décennie
Présentée en mars 2017 par Jean-Luc Moudenc à l'occasion du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim), le projet de la Tour Occitanie a suscité bien des débats à Toulouse. Prouesse architecturale pour certains, désastre écologique pour d'autres, le projet dévoile une tour de 150 mètres de haut située sur l'ancien tri postal, à deux pas de la gare Matabiau.
Menée par la Compagnie de Phalsbourg, l'opération vise à incarner le dynamisme économique et la modernité de la ville de Toulouse. Après une validation de la Commission Nationale du Patrimoine et de l'Architecture (CNPA) en juillet 2018, le permis de construire déposé en 2019, a été immédiatement contesté.
Les associations Non au gratte-ciel de Toulouse, Les Amis de la Terre et France Nature Environnement, figures de proue des opposants, alertaient sur un désastre à la fois écologique, visuel et économique
, pointant l’incohérence d’un tel projet face aux enjeux du réchauffement climatique.
Les opposants avaient affirmé leur détermination à poursuivre le combat, même en cas de rejet de leur recours par le Conseil d'État, envisageant alors de relancer une pétition et des actions de sensibilisation. Selon eux, une majorité de Toulousains désapprouverait la tour. Une affirmation que le maire de Toulouse réfute, estimant que les contestataires sont peur représentatifs et issus de mouvements politisés.
Après avoir essuyé plusieurs refus en première instance puis en appel, les opposants ont saisi le Conseil d'État, qui a finalement jugé leur pourvoi en cassation irrecevable. Cette décision met un terme à toute contestation juridique, ouvrant ainsi la voie au lancement des travaux. Des travaux qui désormais, ne devraient pas être encore lancés avant un certain temps.
C’est un projet de 2017. De l’eau a coulé sous les ponts
, justifie le dirigent de la Compagnie de Phalsbourg.
Un "désastre écologique" selon les opposants
Le bras de fer est loin d'être terminé. Richard Mébaoudj, président de l'association "Non au gratte-ciel de Toulouse", a annoncé une intensification de la mobilisation citoyenne avec une pétition relancée à grande échelle, après avoir réuni plus de 7 200 signatures. Selon lui, le débat est loin d'être clos et la contestation va se poursuivre.
L'activiste ne manque pas de critiquer les prises de position du maire Jean-Luc Moudenc, qu'il juge inadaptées au contexte environnemental et social actuel. Il insiste sur le fait que les associations opposées au projet portent avant tout des revendications écologiques et sociétales, qu'il considère comme essentielles à l'avenir du dynamisme de la métropole toulousaine.
Sur le fond, les opposants mettent en avant l'incohérence écologique du projet. Ils dénoncent l'incompatibilité d'une telle construction avec les défis climatiques actuels, rappelant l'urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La Tour Occitanie : symbole du dynamisme toulousain
S'inspirant du Canal du Midi, la Tour Occitanie est le projet retenu dans le cadre du concours de la Gare Matabiau, sur le site du tri postal. Porté par la Compagnie française de Phalsbourg et conçu par les architectes Daniel Liibeskind et Kardham Cardete Huet Architecture, ce gratte-ciel se veut un symbole de modernité pour Toulouse.
Un projet architectural ambitieux
Culminant à 153,5 mètres avec ses 40 étages, la Tour Occitanie se distingue par son design audacieux et contemporain. Ses façades vitrées, ornées de terrasses végétalisées formant un ruban vert en spirale, symbolisent une fusion harmonieuse entre nature et urbanisme. Cette végétalisation, en dialogue avec le Canal du Midi tout proche, reflète une volonté d'intégration paysagère respectueuse de l'environnement.
Mixité fonctionnelle
La Tour Occitanie propose une surface totale de plancher d'environ 35 000 m², répartie de manière à favoriser une mixité fonctionnelle :
- Bureaux : 11 000 m² destinés à accueillir des entreprises.
- Logements : plus de 100 appartements neufs haut de gamme offrant une vue imprenable sur la ville.
- Hôtel : un établissement 4 étoiles, sous l'enseigne Hilton, proposant une centaine de chambre pour les voyageurs d'affaires et les touristes.
- Commerces : 2 000 m² dédiés à des boutiques et services.
- Locaux SNCF : 1 500 m² réservés à des installations ferroviaires.
Au sommet, un restaurant et un bar panoramiques offriront une expérience gastronomique unique.
Un hôtel plus luxueux et une résidence de services
Nous envisageons d’implanter un hôtel haut de gamme, un cinq étoiles, un segment qui fait défaut à Toulouse. Nous réfléchissons également à l’installer au sommet de la tour plutôt qu’à sa base, afin d’offrir une vue panoramique sur toute la ville
, confie le promoteur.
Quant au socle de l’édifice, il accueillerait à la fois des espaces de bureaux et des établissements d’enseignement supérieur, renforçant ainsi l’attractivité du projet et son intégration au tissu économique et académique toulousain.
Le promoteur envisage également de développer une résidence de services, spécifiquement destinée aux entreprises qui souhaitent héberger leurs cadres en déplacement. En parallèle, une offre de bureaux flexibles sera proposée, opérée par des sociétés spécialisées qui factureront les espaces en fonction du nombre d'occupants, sans engagement locatif classique. Le projet prévoit aussi des locations traditionnelles, intégrant une diversité d'usages pour répondre aux besoins du marché.
Si le marché des bureaux reste atone, la foncière mise sur la centralité du site et le développement du futur quartier d'affaires Grand Matabiau pour attirer les entreprises. Deux sociétés ont déjà manifesté leur intérêt pour 4 000 m² de bureaux
affirme Philippe Journo. Selon lui, Toulouse qui s'affirme comme la troisième ville de France, doit désormais se positionner à l'échelle de métropoles européennes comme Barcelone ou Milan.
L'offre résidentielle se veut haut de gamme, avec des logements affichés à près de 10 000 euros le mètre carré, un prix justifié par le coût élevé de la construction en hauteur. Ces appartements offriront une vue exceptionnelle, un atout qui justifie leur positionnement premium
, souligne le promoteur, qui cible une clientèle CSP+.
Une intégration stratégique dans le projet Grand Matabiau
Implanté sur le site de l'ancien tri postal, la Tour Occitanie s'inscrit dans le cadre du vaste projet urbain Grand Matabiau, visant à métamorphoser le quartier en un pôle d'échange multimodal et un centre d'affaires de premier plan. Cette opération prévoit notamment la modernisation de la gare de Toulouse-Matabiau, l'amélioration des infrastructures de transport et la création de nouveaux espaces publics.