La ligne LGV Bordeaux-Toulouse fait partie du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest. Elle a pour objectif de rapprocher les deux pôles économiques du sud-ouest de l’Hexagone. Le mardi 27 avril 2021, le Premier ministre, Jean Castex, a adressé un courrier à Jean-Luc Moudenc et à Carole Delga, annonçant que l’État s’engage à investir 4,1 milliards d’euros dans la mise en place de la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse. Pour porter ce vaste chantier, les métropoles de Bordeaux et de Toulouse, épaulées par les Régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, ont formé une société de financement. Ce projet aura un impact considérable sur le tourisme, sur l’économie locale, mais aussi sur l’immobilier neuf à Toulouse et à Bordeaux. Les secteurs connexes pourront aussi se développer grâce à cette ligne, puisqu’elle desservira, entre autres, Agen et Montauban, de vrais viviers d’emplois et d’activités. Les différentes discussions concernant les détails des travaux devraient s’achever à la fin de l’été 2021, et le chantier devrait débuter à l’horizon 2024, après une attente de plus de 30 ans des habitants de la région.
Les détails de la mise en place de la LGV Bordeaux-Toulouse
La LGV Bordeaux-Toulouse est attendue depuis la fin des années 1980, mais le projet prend enfin forme et affiche une détermination de plus en plus importante. L’annonce de Jean-Castex concernant la participation de l’État au financement de la future ligne a débloqué une nouvelle étape qui rassure toutes les entités concernées sur l’avancement certain du projet vers son but. Rappelons que la mise en place de la LGV Bordeaux-Toulouse est prévue pour 2030, année qui convient parfaitement à la capitale girondine qui s’est fixée l’objectif d’atteindre le million d’habitants pour cette année.
Retour sur les 30 ans d’attente
Le projet de la ligne Bordeaux-Toulouse est né dans les années 80, en réponse au succès fulgurant de la ligne à grande vitesse sud-est Paris-Lyon. En raison de la préexistence de la LGV Atlantique et de ses nombreuses qualités rayonnant au niveau national, Bordeaux a été choisi pour faire la jonction entre Paris et Toulouse, au détriment du Limousin et de Limoges. C’est dans les années 2000 que les études se sont concentrées un peu plus sur la continuité de la ligne vers l’Occitanie, avec un tracé comprenant Agen et Montauban.
À la fin de l’année 2005, le débat public donne raison au projet et à sa grande utilité, qui a été validée en janvier 2006. La configuration de l’axe nord-ouest a été empêchée par le projet de la LGV Bordeaux-Espagne, puisque le débat public de celui-ci n’avait pas encore été entamé.
C’est en mars 2012 que le ministère des Transports décide enfin de valider la future LGV Bordeaux-Toulouse ainsi que son tracé. Les enquêtes publiques ont commencé la même année. En juin 2016, la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse est déclarée d’utilité publique par décret, avant de paraître au Journal officiel. Le tribunal administratif de Bordeaux a finalement annulé la déclaration par la suite.
Au début de l’année 2018, le projet est jugé comme prioritaire par le Conseil d’orientation des infrastructures. La loi d’orientation des mobilités est promulguée à la fin de l’année 2019, ce qui a permis de créer les sociétés de projet pour financer la LGV.
Les chiffres de la LGV Bordeaux-Toulouse
Il est à préciser que les chiffres communiqués varient selon les sources. Le budget total prévu pour la LGV Bordeaux-Toulouse varie entre 2 milliards d’euros et beaucoup plus en fonction des médias. Toutefois, le Premier ministre a annoncé dans sa lettre aux élus qu’une demande de contribution de la part de l’Union européenne va être faite, à hauteur de 20 % du coût total de l’opération, estimé aujourd’hui à 7 milliards d’euros.
En ce qui concerne le reste à payer, Jean Castex souhaite la mise en place d’une société de financement qui sera entièrement dédiée au projet, qui a eu recours à différents emprunts ou à l’instauration de taxes spécifiques d’ici la fin de l’été 2021. Comme nous l’avons survolé un peu plus tôt, le chef du gouvernement a annoncé que les collectivités locales (les métropoles Bordeaux et Toulouse, ainsi que les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) seront toutes sollicitées pour apporter leur contribution dans la part de financement du projet de la nouvelle ligne à grande vitesse.
La Région Occitanie a cherché d’autres alternatives au partenariat public-privé depuis les prémices du projet, comme c’était le cas pour le projet Sud Europe Atlantique, avec le tronçon Tours-Bordeaux. Afin d’éviter le montage, les collectivités ont décidé de prescrire la création de sociétés qui seront dédiées au financement des lignes à grande vitesse, qui ont leurs propres ressources.
L’État et les collectivités territoriales se regroupent au sein d’une société de financement ad hoc (un établissement public donc), dont l’objectif premier reste la levée de financements (fonds propres, recettes fiscales dédiées, subventions de l’État et des collectivités territoriales…), qui seront ensuite reversés à SNCF Réseau.
La LGV Bordeaux-Toulouse, c’est 253 kilomètres de distance couverte, plus de 7 milliards d’euros de coût pour le projet et 4 départements concernés, à savoir : le Lot-et-Garonne, La Gironde, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne.
Quels avantages peut apporter la LGV Bordeaux-Toulouse ?
Un gain de temps considérable
Un des plus gros avantages que la LGV peut apporter est le rapprochement des deux principaux économiques dans la partie sud-ouest de la France, à savoir Bordeaux et Toulouse. Par ailleurs, la nouvelle ligne permettra également aux communes de Montauban et d’Agen une plus grande attractivité. C’est à Bressols que la future gare de Montauban sera implantée et accueillera la LGV. Le président de l’agglomération du Grand Montauban, Thierry Deville, précise qu’il s’agit d’un projet fondamental qui permettra de redessiner totalement les cartes en termes de densité de population et d’économie. En effet, Montauban sera à seulement 10 minutes de Toulouse, à 2 h 50 de Paris et à moins d’une heure de Bordeaux. Le territoire pourra récupérer en attractivité de façon considérable.
Du point de vue de Toulouse, la LGV Bordeaux-Toulouse permettra aux voyageurs de faire le trajet Paris-Toulouse en 3 h 10, contre 4 h 10 aujourd’hui. Ce gain de temps important est crucial pour les usagers qui utilisent cette ligne de manière régulière. Les personnes qui empruntent les lignes régionales de Haute-Garonne du Lot ou du Tarn, via les Ter qui desservent Matabiau, gagneront aussi environ une heure sur leur trajet vers la capitale. Le trajet entre Toulouse et Bordeaux se fera désormais en 1 h 05, contre 2 h 15 aujourd’hui.
Un levier de réduction de la pollution
Les avantages environnementaux sont les plus nombreux. Le train est beaucoup moins polluant que les autres moyens de transport que les usagers ont l’habitude de prendre au quotidien :
- Le train émet 35 fois moins de CO2 que le transport aérien ;
- Le train émet 15 fois moins de CO2 que le transport routier ;
- Le train consomme 10 fois moins de carburant, en comparaison avec la voiture individuelle de chaque voyageur.
La LGV représente à elle seule une opportunité intéressante pour un investissement concret dans un moyen de transport écologique et pour un développement du report modal, tout cela au bénéfice des futures générations. En optant pour le transfert des modes de déplacements vers le transport ferroviaire, la réduction de l’empreinte carbone est certaine. Il est à souligner toutefois que la part du train dans le réseau de transports n’est actuellement que de 4 %.
Un impact non négligeable sur l’économie
Avec la mise en service de la LGV, les activités économiques des territoires desservies pourront grimper en flèche. Les entreprises implantées dans le secteur auront l’occasion de voir leur marché s’élargir et leur compétitivité s’améliorer. La nouvelle ligne facilitera le développement des activités et des affaires, puisqu’elle créera des conditions d’un trafic ferroviaire performant vers les centres de décisions clés. Pour l’axe Paris-Bordeaux, la fréquentation des TGV a connu une hausse de 75 % par rapport à celle de l’été 2016 (environ 1 million de passagers en plus).
Une création d’emploi assurée
Les impacts attendus par rapport à la création d’emploi liée à la mise en place de la LGV Bordeaux-Toulouse sont répartis sur deux niveaux. Premièrement, on aura un impact temporaire, lié aux chantiers de construction. De nombreux emplois dans le secteur du bâtiment pourront être maintenus et créés (techniciens, ouvriers, ingénieurs…). Deuxièmement, l’impact permanent se dessinera à travers la création d’emplois locaux dans divers secteurs, comme la restauration et l’hôtellerie. Après l’installation de la LGV à Bordeaux en 2017, on a pu constater une hausse importante dans le secteur du tourisme d’affaires, par exemple.
Des retombées certaines sur le tourisme
Lorsque les offres touristiques qui sont proposées sont adaptées aux courts séjours, la LGV peut très bien avoir des effets positifs sur le tourisme, dans des villes à forts potentiels comme Bordeaux ou Toulouse. D’après des études portées sur les effets du TGV sur les comportements touristiques, la création de séjours ou de circuits incluant le « transport » participe grandement au développement du tourisme de groupe.