Le pavillon Nanta, situé au pied du dôme de La Grave à Toulouse, a longtemps été occupé par diverses associations. Il y a quelques mois, des manifestations ont été organisées à l’encontre de la destruction du pavillon, mais il a finalement été détruit. Les rumeurs concernant la construction d’un programme neuf à Toulouse à cet endroit ne sont pas fondées. En effet, la mairie envisage d’y créer un espace paysager valorisé. Détails sur ce projet qui a fait couler beaucoup d’encre.
Le dôme de La Grave vue depuis les quais de la Garonne © Iakov Filimonov – Shutterstock
Destruction du pavillon Nanta : des solutions trouvées pour les anciens occupants
Le pavillon Nanta était un haut lieu du squat occupé par Droit de logement et le centre Abbé Pierrependant de nombreuses années. Aujourd’hui, il ne reste plus que des gravats au sol et un énorme espace vide entre le dôme de La Grave en réfection et le futur ensemble immobilier du promoteur Kaufman & Broad. Après donc plusieurs occupations illégales, et en vertu d’un jugement prononcé par le Tribunal administratif, les lieux ont pu être libérés en avril 2021.
L’espace laissé par l’ancien pavillon Nanta permettra d’ouvrir la vue sur le site de La Grave depuis la rue du Pont Saint-Pierre. Par ailleurs, un cheminement piéton permettra de relier cet espace au musée des Abattoirs et au jardin Raymond VI.
La procédure au Tribunal administratif
Les associations qui occupaient le pavillon Nanta à Toulouse craignaient d’être expulsées de ce bâtiment appartenant au CHU et qui a été réquisitionné par le DAL 31 en janvier 2017. Après cette réquisition, une procédure de justice a été entamée. D’un autre côté, la mairie a toujours maintenu son désir de détruire le pavillon Nanta pour y développer d’autres projets. La destruction du bâtiment et l’expulsion des associations qui y sont installées (l’association La Cloche, des familles sans hébergement, Droit au logement 31 et le centre solidaire Abbé Pierre) ont été validées par le Tribunal administratif, qui a rendu son jugement il y a quelques jours. Ce dernier a estimé que les occupants ne disposent d’aucun droit à se maintenir sur les lieux. Leur expulsion a été prononcée le 20 avril 2021, avec le concours de la force publique (qui n’a finalement pas été nécessaire). Le juge a décidé de différer le point de départ de l’astreinte d’un mois après la notification du jugement afin de tenir compte de la vulnérabilité et de la précarité des occupants.
La Ville a de nouveau précisé sa volonté de renforcer le lien piétonnier jusqu’au jardin Raymond VI et au musée des Abattoirs, par un cheminement paysager. Après des mois d’amalgames de l’extrême gauche avec le projet immobilier situé à quelques pas de l’ancien pavillon Nanta, Jean-Luc Moudenc a déclaré que la Ville pourra enfin rendre ce lieu aux Toulousains. L’élu fait référence aux accusations du DAL 31 (droit au logement) qui a prêté directement à la mairie des intentions d’implanter un hôtel de luxe à La Grave alors que ce projet est celui du grand groupe privé (Kaufman & Broad) non loin du site.
Les quais de la Daurade à Toulouse face au dôme de La Grave © FredP – Shutterstock
Des manifestations multiples pour stopper la destruction du pavillon Nanta à Toulouse
Depuis les prémices du projet, les associations concernées ont tenté de se faire entendre en se rassemblant lors de diverses manifestations. Le 29 janvier 2021, à l’occasion du conseil municipal, ils s’étaient rassemblés place du Capitole. Le Dal 31 a affirmé qu’après deux ans de discussion avec l’équipe municipale, le maire de la ville leur a appris, en novembre 2020, qu’ils ne seraient pas relogés. Les associations n’ont eu cesse de relancer Jean-Luc Moudenc sur le sujet du relogement, mais leurs appels sont restés sans réponse. Le collectif a même décidé de lancer une pétition demandant « l’arrêt immédiat de la procédure d’expulsion du Pavillon Nanta, le relogement des personnes installées dans le Centre Solidaire dans des conditions pérennes et adaptées ainsi que le relogement des deux associations dans les locaux adaptés, pouvant permettre le maintien et la continuité de leurs activités ».
Des solutions trouvées
Afin de trouver des solutions d’hébergement aux quelques personnes qui habitaient sur le site, un accompagnement des services sociaux a été finalement mis en place. D’autre part, la mairie soutient les associations qui travaillaient à cet endroit au bénéfice de nombreuses personnes en grande précarité. Elle a renforcé le dialogue mené afin de pérenniser leur travail social.
Plus que quelques familles à reloger
Le premier adjoint à la mairie a fait un point sur le relogement des familles qui ont investi les lieux. Ainsi, en décembre 2017, il y avait au total 24 ménages, soit 68 personnes qui étaient présentes dans le pavillon Nanta. La mairie et l’État ont déjà pu proposer des solutions relogement à une trentaine de personnes au cours de l’année 2018. Cela a été rendu possible grâce à des prises en charge d’hébergement ou encore à l’accès au logement social. En septembre 2019, il restait 11 ménages, soit 27 personnes. La mairie a alors décidé de continuer à les accompagner avec la collaboration de l’État. Actuellement, il reste encore cinq ménages, soit 11 personnes à reloger. Ces derniers sont extracommunautaires, et en ce qui concerne leur logement, un travail entre la mairie et l’État doit être réalisé afin d’étudier les prises en charge possibles, selon la situation administrative de chacun. Daniel Rougé souligne qu’il ne connaît pas encore, pour l’instant, le statut de ces ménages par rapport à leur demande d’asile.
Des nouveaux locaux pour les associations ?
La mairie se dit ouverte pour aider les associations à trouver de nouveaux locaux. Pour le moment, la municipalité ne souhaite pas encore se prononcer sur la situation de l’association DAL 31, en raison de l’instruction qui est actuellement en cours au niveau du Tribunal administratif. Cependant, l’adjoint au maire se montre un peu plus ouvert face à la situation des autres associations. Il précise que la municipalité soutient déjà l’association La Cloche à travers des subventions et qu’elle peut l’accompagner pour trouver un local approprié. Le centre solidaire Abbé-Pierre, quant à lui, a été créé en janvier 2019, et fait le lien entre le social et la mixité. La mairie envisage de travailler de près avec les responsables du centre pour leur relocalisation.
Un espace vert et piéton
L’objectif de la municipalité concernant le pavillon Nanta a été clarifié par le premier adjoint au maire de Toulouse, Daniel Rougé. Il explique que le projet n’a aucun lien avec le projet immobilier du promoteur Kaufman & Broad qui va être construit à côté. Il souligne que la municipalité veut bâtir un espace paysager valorisé en direction du jardin des abattoirs. Le but est de rendre le site de La Grave, qui était un hôpital dans le passé, aux Toulousains, d’une part, et d’autre part, que les habitants puissent se l’approprier.
L’ouverture créée par la destruction du pavillon Nanta proposera un nouvel espace aux habitants du quartier. Ce lieu participera à la mise en valeur des abords de La Grave. D’ailleurs, ce projet donnera plus de place aux promeneurs et à la nature dans le cœur de la ville. Les riverains pourront profiter d’un cadre de vie plus « vert » et d’un accès plus simple à un site patrimonial exceptionnel, précise la mairie de Toulouse. Bientôt, les Toulousains pourront s’approprier ce lieu emblématique, plus précisément la chapelle Saint-Joseph et son dôme, qui font aujourd’hui l’objet d’une grande restauration, aussi à l’initiative de la mairie.