Vingt ans après l’explosion de l’usine au sein du site AZF à Toulouse, la ville a essayé d’effacer un passé chimique douloureux en se concentrant sur sa mue industrielle. Cette vaste opération a pour objectif de revitaliser le tissu économique de la Ville Rose, notamment en développant les énergies renouvelables et en créant un pôle d’excellence en cancérologie. La reconstruction du site AZF aura certainement un impact positif dans bien des secteurs, comme celui de l’immobilier neuf à Toulouse. Voyons de près les changements opérés après cette tragédie survenue en 2001.
Qu'est devenu le site de l'ancienne usine AZF à Toulouse ? © Google 2021
Retour sur la catastrophe d’AZF
Le pire accident industriel de l’après-guerre est survenu le 21 septembre 2021 dans l’usine de production d’engrais azotés AZF. Cette dernière est située à seulement quelques kilomètres du centre de Toulouse. L’usine AZF fabriquait des engrais chimiques et des explosifs. Le jour de la catastrophe, 360 personnes travaillaient sur le site. Un stock de 300 tonnes de nitrate d’ammonium a explosé dans le bâtiment 221 de l’usine AZF (Azote Fertilisants) de Grande Paroisse. L’explosion a créé un énorme cratère ovale de 7 mètres de long, 40 mètres de large et 6 mètres de profondeur. La double détonation a été entendue à 80 km à la ronde. L’onde mesurée était l’équivalent d’un séisme de 3,5 sur l’échelle de Richter. Le site industriel a été dévasté, à l’exception de la tour AZF qui est restée debout dans les décombres fumants. À 200 mètres du site, au niveau de la rocade, des voitures ont été retournées et d’innombrables débris ont recouvert la chaussée.
Le bilan de la catastrophe est lourd, avec 31 morts et des milliers de blessés, sans oublier les dégâts matériels importants et le traumatisme que l’explosion a généré dans la région. Selon les chiffres communiqués, on totalise 2,5 milliards d’euros de dégâts, près de 1 200 emplois perdus et un site de 220 hectares laissé en ruine. La tragédie a fait 85 000 sinistrés. Une vingtaine d’années plus tard, de nombreux Toulousains sont toujours traumatisés.
Vers l’oubli d’un passé « chimique » associé à la catastrophe
Les décideurs du comité local d’information sur l’avenir du site se sont finalement rangés aux revendications citoyennes. Ainsi, ils ont choisi d’effacer presque complètement le passé chimique qui est aujourd’hui irrémédiablement associé à une tragédie. L’usine ArianeGroup a été maintenue, mais elle a dû réduire ses activités dès 2002. Le propriétaire du site d’AZF, Total, s’est engagé à dépolluer et à déblayer le site avant de le céder à la métropole toulousaine contre un euro symbolique.
Avancer vers l’innovation
Le site AZF devenu l'un des pôles les plus importants de la recherche sur le Cancer © DEspeyrac - Shutterstrock
La reconstruction du site AZF Toulouse a été une occasion de lancer des actes efficaces en faveur des secteurs d’activité émergents, tout en limitant la dépendance de la Ville Rose à l’aéronautique. Jacques Chirac avait annoncé un « plan cancer » visant à améliorer la prise en charge de tous les malades. Les travaux du pôle de recherche sur le cancer, l’Oncopole, ont débuté en 2007 et ont été achevés en 2014, avec un budget avoisinant les 300 millions d’euros.
Un projet de reconversion en attente
Un projet de reconversion d’un ancien bâtiment d’AZF en « hub » qui devrait réunir coworking, événementiel et commerce est en cours depuis déjà un moment, mais peine à avancer. L’opposition écologiste a déclaré qu’elle souhaiterait y voir se développer un site consacré à la recherche dans le domaine de la prévention des cancers. Antoine Maurice, le conseiller municipal de la ville, s’est exprimé sur le sujet et a déclaré qu’il serait temps de travailler sur les causes qui sont en grande partie issues des activités humaines.
35 000 panneaux solaires sur le site d’AZF
Le site AZF à Toulouse est encore pollué par endroits et inondable dans certaines parties, du fait de sa proximité avec la Garonne. Pourtant, deux autres projets d’envergure sont en voie d’aboutissement. Le plus grand téléphérique urbain de France, Téléo, sera inauguré l’hiver prochain et permettra de décloisonner l’Oncopole. Par ailleurs, il permettra également aux usagers d’observer à 70 mètres de hauteur la grande ferme photovoltaïque qui a été mise en service en octobre 2020. Actuellement, il s’agit de la plus grande ferme du pays. En effet, les 35 000 panneaux solaires s’étendent sur 25 hectares et vont permettre à Toulouse de se positionner confortablement dans le paysage des énergies renouvelables.
35 000 panneaux solaires installés sur l'ancien site AZF © CatwalkPhotos - Shutterstrock
Une demande de fermeture de la zone Seveso
Après la catastrophe d'AZF, les riverains de Fondeyre attendent désormais la fermeture de la zone Seveso, située dans le nord de Toulouse. La présence d’un dépôt pétrolier dans cette zone inquiète fortement les habitants. Ils en demandent le déménagement et jugent que l’explosion de l’usine d’AZF aurait dû servir de leçon. Rappelons qu’en 2019, un feu a débuté à la STCM (société de traitement chimique des métaux) et trois wagons-citernes ont été victimes d’un déraillement chez Esso (avenue de Fondeyre), au niveau de la voie ferrée menant aux cuves. Autant de dangers qui justifient la crainte des habitants. Le président du comité de quartier Minimes-Barrière de Paris, Serge Baggi, a précisé qu’ils sont sceptiques sur l’analyse du danger sur ces sites et qu’ils demandent que des mesures soient prises.
Les riverains estiment qu’ils ne sont pas écoutés lors des réunions organisées en préfecture. Membre du comité de quartier, Christian Hermosilla affirme qu’on ne les écoute pas et que l’épisode concernant l’explosion du site AZF à Toulouse n’est pas tenue en compte. Bonne nouvelle, la STCM a arrêté son activité depuis la fin de l’année 2020. D’un autre côté, Esso refuse catégoriquement de partir, d’autant plus qu’il a l’appui de la préfecture qui considère le dépôt pétrolier comme un site stratégique.