Toulouse a été labellisée Cité de l’emploi par le gouvernement au début du mois de juillet, tout comme une dizaine de villes de l’Hexagone. Le label sera expérimenté dans les quartiers du Grand Mirail.
L’objectif de ce dispositif est avant tout de renforcer l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi des habitants des QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville). Nul doute qu’avec les changements apportés par ce label, les investisseurs seront plus nombreux, notamment ceux du marché de l’immobilier neuf à Toulouse.
En effet, le label Cité de l’emploi est un indicateur de choix de l’attractivité de la ville et encouragera certainement l’investissement locatif. Zoom sur les détails du dispositif.
Homme cochant des cases avec un marqueur rouge©Pasuwan – Shutterstock
Cité de l’emploi : un dispositif expérimenté sur une vingtaine de villes
Le gouvernement a donné le label Cité de l’emploi à 60 nouvelles villes en France, par la voix de la ministre déléguée chargée de la ville, Nadia Hai. Parmi les villes qui vont profiter du dispositif, Montpellier Méditerranée Métropole et Toulouse Métropole en Occitanie font partie des plus importantes. Rappelons que ce dispositif a pu être expérimenté sur 24 villes en 2020, notamment dans le secteur de Narbonne, dans l’Aude, et dans le secteur Tarbes et Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées.
Pour Toulouse, le dispositif est financé par l’État, avec une enveloppe de 100 000 euros par an sur trois ans. Le but est de faciliter l’accès aux formations et à l’emploi des habitants des QPV, tout en leur offrant un accompagnement efficace dans leur démarche.
L’agence nationale de la Cohésion des Territoires précise que dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, le taux de chômage est environ 3 fois supérieur à la moyenne nationale. D’après les responsables, ce constat est surtout lié à la surreprésentation d’actifs dans ces territoires. Les actifs sont particulièrement exposés à ce risque à cause de leur catégorie socioprofessionnelle et leur niveau de qualification.
Aujourd’hui, on compte 18 quartiers classés en QPV dans la métropole toulousaine, dont 12 dans la ville rose. Pour le moment, la Cité de l’emploi aura pour base le quartier du grand Mirail (à titre expérimental), où la population est le plus touchée par la vague de chômage.
L’élu à la politique de la ville et maire des quartiers de la Reynerie, du Mirail Université et Bellefontaine, Gaëtan Cognard, a précisé que dans ce quartier, il y a une grande part de résidents très éloignés des dispositifs liés à l’emploi et beaucoup d’acteurs en faveur de l’emploi. Par ailleurs, le tissu associatif y est très dense. Il a ajouté que l’objectif (et un des grands enjeux de la Cité de l’emploi) est de réaliser un repérage des habitants concernés pour mieux les orienter et les accompagner vers les dispositifs qui existent.
Le Gouvernement précise que les Cités de l’emploi sont là pour raccrocher les demandeurs d’emplois des quartiers prioritaires de la politique de la ville aux dispositifs de droit commun mobilisables, surtout les dispositifs exceptionnels qui sont déployés dans le cadre du plan France relance, mais aussi dans la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.
Formateur de dos en train d’aider un élève dans une salle de classe©fizkes – Shutterstock
Le cœur du dispositif
La Cité de l’emploi est un partage politique, porté par la ministre déléguée chargée de la ville Nadia Hai, et piloté par les préfets. Concrètement, les différentes cités de l’emploi proposent une collaboration renforcée des opérateurs de l’emploi. Avec le dispositif, le gouvernement dit vouloir corriger efficacement les effets de la crise, en renforçant l’accompagnement des résidents QPV qui ont été particulièrement impactés. Les cités de l’emploi devraient également permettre d’identifier les parcours ainsi que les risques de décrochage, tout en veillant à maintenir une articulation bien fluide entre les différents acteurs.
Le dispositif doit donc permettre la mise en réseau de Toulouse Métropole Emploi, des Missions locales, des associations, du Plan pour l’insertion et l’emploi (PLIE) et tous les acteurs de terrains. Avec le PLIE, par exemple, la Métropole déploie 31 référents en accompagnement avec les personnes qui sont les plus éloignées de l’emploi. Le taux de sorties positives, c’est-à-dire les personnes qui signent un CDI, trouvent une alternance ou une formation, est de 50 %.
Le label consiste aussi à rassembler tous les partenaires du territoire et à exploiter leur savoir-faire pour mieux repérer et accompagner les résidents des QPV avant de leur proposer un parcours labellisé. Pour cela, il sera essentiel de labelliser les associations afin de garantir un travail de réseau.
La Mission locale, l’espace numérique à la Reynerie et le projet d’occupation temporaire de la dalle Abbal sur le quartier seront les trois lieux parcours choisis pour accroître au maximum la visibilité des dispositifs déjà en place et qui font partie du projet de renouvellement urbain.
L’élu Gaëtan Cognard précise qu’une partie des locaux qui sont situés sur la dalle Abbal sera supprimée d’ici deux ans. Au lieu de fermer les lieux, il a été décidé qu’il serait mieux de les utiliser comme une occupation temporaire pour permettre aux entrepreneurs et aux acteurs économiques du quartier de lancer le projet. La structure permettra de mettre en lien les personnes concernées avec tout le réseau, ce qui facilitera l’entrepreneuriat du quartier.
Une hausse du taux de chômage considérable depuis le début de la crise
La crise sanitaire mondiale n’a pas épargné les différentes villes de France. Toulouse Métropole a récemment souligné le fait que son territoire compte à l’heure actuelle plus de 92 000 demandeurs d’emploi et déplore un taux de chômage en hausse de 7 %. Ces chiffres concernent la période de la crise sanitaire, comprise entre mars 2020 et le printemps de cette année. Isabelle Ferrer, adjointe au maire de Toulouse chargée de l’emploi et de l’insertion, a précisé qu’à cause de la crise, on voit désormais de jeunes diplômés qui demandent de l’aide à leurs services.
Les principales clauses d’insertion sociale
Pour recruter des personnes issues des quartiers prioritaires de la politique de la ville, les clauses sociales d’insertion représentent un vecteur essentiel. L’année dernière, Toulouse Métropole Emploi a permis un peu plus de 526 000 heures d’insertion pour que des gens puissent travailler sur des chantiers publics.
Parmi les jeunes concernés, 44 % n’avaient pas de qualification et 74 % avaient un niveau de qualification qui était inférieur au baccalauréat. Parmi les principaux employeurs de 2020, on pourra citer la Caf, Toulouse Métropole, l’Université fédérale de Toulouse, Tisséo et l’aménageur Oppidéa.
D’un autre côté, la Mission locale de Toulouse, qui s’adresse strictement aux jeunes entre 16 et 25 ans, a reçu plus de 8 700 jeunes en entretien, dont 20 % venant d’une zone politique de la ville.
La Cité de l’emploi comme arme de communication
La Cité de l’emploi se veut être un canal de communication efficace et simple pour les demandeurs d’emploi. Actuellement, la mission principale est bien de rester lucide face à la relance économique et à la faculté des chefs d’entreprise à recruter davantage dans les quartiers concernés, et même y implanter leurs activités.
Isabelle Ferrer a précisé qu’un Job Dating et des forums de l’emploi devraient être organisés sur la dalle Abbal, à la Reynerie. Rappelons qu’au niveau national, et dans le cadre de la relance économique, la Politique de la Ville bénéficie de 871 millions d’euros.