Avec son objectif de 1ère Région à Energie Positive en 2050, Carole Delga, la Présidente de la région Occitanie, a placé la barre haut pour l’ensemble du territoire. Un objectif que Toulouse semble prendre au pied de la lettre puisque selon Certivéa, organisme de certification accrédité par le COFRAC (Comité d’accréditation Français), Toulouse représente à elle seule 33% des bâtiments certifiés HQE en Occitanie.
La problématique de la transition énergétique à Toulouse n’est pas nouvelle, mais elle a cependant été portée assez récemment à son niveau actuel, notamment par le Plan Climat Air Energie et le plan d’action 2018 à 2023 de Toulouse Métropole. Ce programme comprend un grand nombre d’actions à effectuer sur 6 ans, afin d’atteindre un objectif de ville plus durable à travers quatre enjeux majeurs : l’atténuation de l’impact des activités du territoire sur le climat, l’adaptation du territoire au changement climatique, l’amélioration de l’air pour la santé et la transition énergétique pour la croissance verte.
Certains objectifs doivent donc être atteints à moyen terme, à horizon 2030 : réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre, réduction de 20% de la consommation énergétique et doublement de la part des énergies locales renouvelables consommées sur le territoire. Un défi que les acteurs publics et privés sont prêts à relever, notamment par la construction de bâtiments et programmes neufs à Toulouse, exemplaires en termes de transition énergétique.
La transition énergétique, c’est quoi?
Dessin vectoriel concept de ville verte ©GDM – Shutterstock
Inscrite dans la loi n°2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, on peut décrire la transition énergétique comme une transformation de nos systèmes de production et de consommation d’énergies afin de le rendre plus durable et plus écologique. Les énergies renouvelables sont le cœur de ce nouveau système et la consommation d’énergies fossiles n’y a plus sa place.
La transition énergétique ne concerne pas uniquement la France et des objectifs ont été prévus au niveau européen. Deux horizons ont été fixés :
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D’ici 2030 :
Réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre ; Réduire de 30% la consommation d’énergies fossiles ; Atteindre 40% de la production d’électricité par énergies renouvelables ; Atteindre 32% de la consommation énergétique globale par énergies renouvelables.
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D’ici 2050 :
Réduire la consommation d’énergie globale de 50% ; Réduire de moitié le volume de déchets en décharge ; Réduire la part de nucléaire à la moitié de la production d’électricité
Applicable dans de nombreux domaines, la transition énergétique l’est d’autant plus dans l’immobilier, puisque l’habitat et le tertiaire sont responsables à eux deux de 45% de la consommation d’énergies.
La construction neuve, principal vecteur de transition énergétique
Programme immobilier neuf au milieu d’un parc verdoyant © VOJTa Herout – Shutterstock
De nombreux dispositifs encourageant les particuliers à entamer leur propre transition énergétique ont été mis en place par l’Etat mais également par les collectivités territoriales, notamment afin de lutter contre la trop forte consommation énergétique des logements anciens.
Les aides telles que MaPrime’Renov, les chèques énergies, le programme Habiter mieux de l’Anah, ainsi que les eco-PTZ ou les aides des collectivités permettent donc aux particuliers d’effectuer des rénovations énergétiques parfois couteuse dans leurs logements. Ils peuvent ainsi changer de moyen de chauffage ou de production d’eau chaude, isoler leur logement, afin de rendre leur habitation plus écologique.
Cependant, c’est dans l’immobilier neuf que l’importance de la transition énergétique est la plus marquée, puisqu’elle doit faire partie intégrante de la conception des programmes neufs. De plus en plus de promoteurs intègrent donc des systèmes de production et de consommation d’énergies plus écologiques et durables dans leurs résidences, en plus de respecter les exigences de la RT2012 et autres labels.
Ecoquartiers et résidences : l’immobilier neuf à la pointe de la transition énergétique
Avec plusieurs écoquartiers en construction ou déjà livrés, Toulouse se positionne en très bonne place en ce qui concerne le nombre de programmes immobiliers neufs. Si effectivement, spécifiquement dans les éco quartiers, les promoteurs souhaitent offrir aux habitants des résidences durables et écologiques, le quartier en lui-même y est souvent pour beaucoup dans l’aspect écologique des bâtiments.
Si l’on prend l’exemple de Toulouse Aerospace, éco quartier construit en 2017, on constate que le quartier en lui-même propose une véritable stratégie de gestion des énergie et eaux pluviales, totalement adaptée à une transition énergétique efficace.
Il dispose d’un réseau de chaleur exemplaire, qui transforme l’énergie fatale produite par le supercalculateur de Météo France et récupère la chaleur produite par l’usine d’incinération du Mirail afin de les redistribuer dans le réseau qui irrigue tout le quartier. Ce réseau produit le chauffage et l’eau chaude de tous les habitants.
Autre innovation importante permettant de réduire considérablement la consommation énergétique de tout un quartier, le système d’éclairage intelligent de Toulouse Aerospace, à détection de forme et de mouvement. Il permet ainsi d’adapter la quantité de lumière en fonction de s’il détecte un piéton, un vélo ou une voiture. La gestion des eaux du quartier est également louable, puisqu’elle dispose de bassins de rétention permettant de réduire le risque d’inondations en cas de crue de l’Hers.
Zoom sur la résidence Wood’Art, championne des labels
Dans l’écoquartier de la Cartoucherie, la résidence Wood’Art - La Canopée est la première résidence en construction bois toulousaine. Elle est faite à 76% de bois et est composée de 3 bâtiments dont le plus haut culmine à 34 mètres. Elle abritera des logements en accession libre ainsi que des logements sociaux, un hôtel, une moyenne surface alimentaire et des commerces de proximité. Sa livraison est prévue pour la fin de l’année 2021. Cette résidence est un exemple type d’immeuble résolument tourné vers un bâti durable, en témoignent les nombreux labels dont elle dispose :
- Niveau thermique label E+C- de niveau E3C2, soit le niveau le plus performant actuellement
- NF Habitat HQE
- Label Bâtiment Durable Occitanie – niveau argent
- Label bâtiment biosourcé - niveau 1
- Label BBCA (Bâtiment Bas Carbone)
Des bâtiments tertiaires exemplaires en termes de transition énergétique
Véritable enjeu de société, la problématique de la transition énergétique a été intégrée par les élus, qui tentent de se montrer exemplaires à ce sujet. C’est pourquoi de plus en plus de bâtiments publics détiennent des qualités favorisant celle-ci, notamment en matière d’utilisation et de production d’énergies renouvelables.
Zoom sur le MEETT
En termes de bâtiment exemplaire pour la transition énergétique, le MEETT a fait très forte impression. Labellisé HQE niveau exceptionnel avec 13 étoiles et 4 étoiles au niveau de l’énergie, le nouveau par des expositions toulousains a de quoi jouer dans la cour des grands.
“Cet ouvrage est exceptionnel à plus d’un titre. C’est le premier centre de conventions de plus de 50 000 m2 qui atteint ce type de certification en France.”
Patrick Nossent, président de Certivéa
Le bâtiment a en fait été pensé pour produire plus d’énergie qu’il n’en consommera, notamment grâce à la création d’une centrale photovoltaïque en ombrière et d’une centrale de géothermie. Le site intègre également un bassin de rétention et a pris soin de créer des zones de biodiversité. En clair, un bâtiment durable, en phase avec les exigences environnementales actuelles.
Autres bâtiments exemplaires en Occitanie
Homme tenant dans sa main une maisonnette en bois et symboles de services publics © Andrii Yalanskyi – Shutterstock
D’autres bâtiments, publics pour la plupart, se sont montrés plutôt exemplaires et précurseur en matière de transition énergétique, à Toulouse comme ailleurs en Occitanie. Le tout nouveau bâtiment du Creps (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive) en est un parfait exemple. Dans le parc du château de Lespinet, cette tour de 25 mètres de haut, en ossature bois, est intégralement chauffée par géothermie et est équipée de toitures isolées par l’extérieur. Le bâtiment affiche ainsi un label E2C1 et une consommation énergétique basée sur la RT2012 - 30%.
A Montpellier aussi certains bâtiments publics se montrent en avance sur leur temps en ce qui concerne la consommation d’énergies et donc la transition énergétique. La piscine Poséidon et l’incubateur Omega par exemple se sont vu installé du solaire photovoltaïque en autoconsommation totale. Ce qui signifie que tout ce qui est consommé par le bâtiment en termes d’énergie est produit par les panneaux photovoltaïques de celui-ci. Un autre bâtiment fait office de véritable exemple à suivre : l’îlot Mantilla, un programme de 32 000m² alimenté par une centrale biomasse tri génération qui produit électricité, chaleur et froid.
Le développement des énergies renouvelables dans la région
Bonne élève de la transition énergétique, la Région se positionne en 5ème place des régions les plus engagées sur les démarches de certification de bâtiments, notamment HQE (Haute Qualité Environnementale), selon le président de Certivéa, Patrick Nossent. Toulouse réalise à elle seule plus d’un tiers de ces certifications. Mais qu'en est-il du sujet des énergies renouvelables, autre branche incontournable de la transition énergétique?
Panneau photovoltaïque dans un champ ©CatwalkPhotos – Shutterstock
L'essor du photovoltaïque
Autre énergie renouvelable particulièrement développée à Toulouse, l’énergie solaire. Sur le site du MEETT par exemple, c’est un champ de 3 hectares d’ombrières photovoltaïque qui a été installé. En plus de produire de l’électricité pour le site, les 10 700 panneaux abritent 1000 places de parking destinées aux visiteurs du parc des expositions.
Un projet de la même sorte a été livré il y a quelques années sur le campus de l’Institut National Polytechnique de Toulouse sur le campus de Labège. Porté par l’AREC Occitanie (Agence Régionale Energie Climat) et la société Quadran, réunies au sein de la SAS Olinoca, le projet a été la première pierre à l’édifice de l’ambition de réaliser un ”Eco-parc d’activités, d’enseignement, de recherche et de valorisation”. Avec ses plus de 5 200 panneaux photovoltaïques, la centrale fourni plus de 1,5 millions kWh/an d’électricité, et sert de support de recherche et d’enseignement pour les chercheurs et étudiants du site.
Toulouse dispose également de la plus grande ferme photovoltaïque de France, la prairie, sur l’ancien site d’AZF à côté de l’Oncopole : une centrale active depuis octobre 2020 qui s’étend sur 19 hectares et qui produit plus de 20 millions de kWh/an d’électricité, soit l’équivalent de la consommation électrique de 19 000 personnes.
Vue de l'Oncopole depuis la colline de Pech David ©Yuryev Pavel – Shutterstock
Le projet de méthanisation des boues à la station d’épuration de Ginestous Garonne
A Toulouse, la station d’épuration Ginestous Garonne est un véritable exemple en termes d’énergies renouvelables. Conçue afin de pouvoir fournir les toulousains en gaz, cette station se sert des eaux usées pour les transformer en biométhane. Toulouse Métropole estime que l’usine sera capable de fournir en chauffage et en eau chaude l’équivalent d’une commune de 11 000 habitants. Ou de fournir du biocarburant à 230 bus, au choix.
Déjà existante, la station d’épuration a été complétée d’une unité de méthanisation des boues urbaines. En clair, les eaux usées, une fois épurées et purifiées, vont être chauffées afin de dégrader la matière organique et de se transformer en biogaz. Ce biogaz est considéré comme une énergie renouvelable et son utilisation entre donc tout à fait dans les objectifs de transition énergétique.
En traitant et dépolluant une grande partie des eaux usées de la Métropole toulousaine, qui en produit 125 000m3/jour, la station de Ginestous Garonne tend à devenir d’ici quelques années une station vertueuse et économe. En plus de fournir 50 millions de kW/an de gaz, la méthanisation des eaux usées permet de diminuer la pollution olfactive en divisant de moitié la quantité de boues à éliminer. Les coûts d’exploitation de la station seront bien évidemment également réduits, avec pour objectif un revenu estimé à 3,75 millions d’euros/an pour la première année d’exploitation.