La LGV Toulouse-Bordeaux est certainement l’un des projets les plus importants pour les deux métropoles. La construction de cette nouvelle ligne devrait permettre le développement de nombreux secteurs connexes, à l’instar du marché de l’immobilier neuf à Toulouse. Dernièrement, les élus du grand Toulouse ont approuvé majoritairement au conseil métropolitain leur participation à hauteur de 616 millions pour le Grand projet sud-ouest (GPSO). Selon les hypothèses formulées, un remboursement de 13 millions d’euros par an serait envisageable pour un emprunt sur une période de 40 ans.
LGV Toulouse : Toulouse Métropole valide l’enveloppe de 616 milliards d’euros © music4life - Pixabay
Un engagement sur 40 ans
Toulouse Métropole a confirmé, le jeudi 14 octobre 2021, sa participation au financement de la LGV Bordeaux-Toulouse. Rappelons que ce projet ambitieux permettra de rapprocher Toulouse de la capitale en seulement 3 h 10, contre plus de 4h actuellement. C’est un projet qui est sur toutes les lèvres depuis maintenant 20 ans et qui pourrait bien être achevé à l’horizon 2032, selon le calendrier mis en place.
LGV Toulouse : vue sur la gare Montparnasse à Paris © Poudou99 - CC BY 3.0
Toulouse Métropole a jugé ce projet d’une importance capitale. L’État a fixé sa participation à 4,1 milliards d’euros sur les 10,3 milliards nécessaires à la construction de la ligne. Cette somme inclut à la fois la réalisation de la branche de LGV Bordeaux-Toulouse ainsi que celle qui relie Bordeaux à Dax. La somme restante sera à la charge des collectivités locales.
Le « oui » l’a emporté à la majorité
Les élus des 37 communes de Toulouse, réunis lors d’une assemblée, ont fait connaître leur envie de voir ce projet d’envergure se concrétiser en votant pour cette enveloppe de 616 millions. Ils ont lancé un message clair en approuvant la participation financière de la Métropole. Les élus métropolitains sont, en effet, les premiers à voter « pour », après la décision du Premier ministre en avril dernier. Les collectivités locales, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, se concertent encore pour prononcer leurs contributions. Normalement, la Région devrait également apporter son lot de participation à hauteur d’1,2 milliard d’euros, puisqu’il s’agit ici du premier financeur en Occitanie.
Tout va bien du côté de l’Occitanie
On s’engage sur la bonne voie du côté des collectivités de la région Occitanie. En plus de la participation généreuse de la Région, le Département de la Haute-Garonne s’est engagé à financer le projet avec une enveloppe fixée à 747 millions d’euros. Au total, 114 élus ont voté en faveur de la somme prévue pour la part de Toulouse Métropole, soit 616 millions d’euros. Aussi, 6 ont voté contre et 13 se sont abstenus.
Une opposition de la part des élus EELV
Alors que la majorité s’est tournée vers la validation de l’enveloppe consacrée au projet de la LGV, quelques opposants se sont toutefois manifestés. Les 6 élus du parti EELV ont voté contre. Patrick Chartier a justifié son choix en dénonçant un coût financier et un coût écologique trop élevé. Il a également pointé du doigt le manque d’engagement que les élus peuvent avoir sur les transports du quotidien. Ce regret a été confirmé et partagé par Maxime Le Texier, d’Alternative pour une Métropole citoyenne. Précisons que tous les élus du groupe se sont abstenus pour le vote. Face à « une contribution excessive », Romain Cujives et Isabelle Hardy, membres du groupe des Verts, se sont aussi abstenus.
Le vice-président de Toulouse Métropole en charge des finances, Sacha Briand, s’est exprimé au nom de la majorité en rappelant le leitmotiv de la présidente du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga : il est impossible d’améliorer de manière conséquente la desserte en RER et en TER sans une nouvelle ligne. Il a également précisé qu’avec une moyenne de 700 000 usagers par jour, Tisséo démontre avec puissance l’effort entrepris en faveur des transports du quotidien.
Des dépenses largement couvertes
Faisons un petit rappel des détails de chaque participation. Ainsi, l’État offrira une enveloppe de 4,1 milliards d’euros, l’Europe 2,05 milliards d’euros, les collectivités de Nouvelle Aquitaine 1,14 milliards et celle d’Occitanie environ 3 milliards d’euros. Dans l’ordre des financeurs du projet, sont comptés la Région, le Département de la Haute-Garonne et la Métropole. Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a tenu à préciser que la Métropole n’aura aucun mal à rembourser cet emprunt étalé sur 40 ans. Pour un emprunt de 616 millions, l’investissement annuel sera de 13 millions d’euros. L’élu de la Métropole a ajouté que leur budget est actuellement d’1,3 milliard d’euros annuels, ce qui leur permettra de couvrir largement les dépenses engagées pour cette ligne à grande vitesse. Par ailleurs, il explique que l’effort déployé pour ce projet ne pèsera qu’à partir du prochain mandat, soit après 2026. D’ici cette date butoir, 57 millions d’euros sont déjà programmés, dont 36 millions pour la nouvelle ligne et 21 millions d’arriérés sur Tours-Bordeaux.
De nombreuses collectivités de Nouvelle-Aquitaine ne veulent pas payer leur part
Jean-Luc Moudenc a expliqué, lors d’un point de presse après le vote de la délibération, qu’il n’a pas du tout envisagé l’hypothèse d’un refus de participation des collectivités locales de Nouvelle-Aquitaine. Il s’interroge encore plus après avoir remis sur la table le fait que les collectivités de l’ex-Midi-Pyrénées avaient pu financer la ligne Tours-Bordeaux avec une enveloppe de 300 millions d’euros. En dehors de la participation de l’État, les collectivités territoriales devront apporter leur contribution pour un total de 4,1 milliards d’euros. L’Occitanie apportera 55 % de cette somme, mais les 45 % de la part de la Nouvelle-Aquitaine est encore au centre des discussions.
La réalisation de la LGV Toulouse-Bordeaux peine donc à trouver les fonds nécessaires. De nombreuses collectivités se sont montrées réticentes à l’idée d’investir autant d’argent. Parmi les grands absents, on notera les départements des Pyrénées-Atlantiques, du Lot-et-Garonne et de la Gironde, qui ont clairement refusé la conformation de leur engagement financier pour ce projet. À Agen, on a souligné que la contribution du Lot-et-Garonne devrait atteindre les 120 millions d’euros, ce qui pourrait permettre la construction de 8 collèges. Sophie Borderie, la présidente du Département du Lot-et-Garonne, a ajouté que la levée d’un emprunt de cette ampleur fragiliserait certainement la situation financière du Département, en plus de dégrader ses rations de gestion.
De nouvelles taxes en vue
Les élus ont décidé de demander au Gouvernement d’instaurer de nouvelles taxes qui seront destinées au paiement d’une partie de la LGV Bordeaux-Toulouse. Cette ressource complémentaire viendra alors en déduction de la part des différentes collectivités. De cette façon, l’Établissement public local pourrait être alimenté par une taxe spéciale d’équipement et une taxe sur les bureaux. Cette fiscalité est grandement inspirée du financement du Grand Paris Express. Toutefois, ses contours resteront à définir et le Parlement devra encore effectuer un vote. Les entreprises ont, par ailleurs, déjà affiché leur mécontentement face à cette nouvelle fiscalité.
Le vice-président de Toulouse Métropole, Sacha Briand, a indiqué qu’avec ces taxes, il s’agit « d’enclencher une dynamique qui est un enjeu essentiel pour le territoire toulousain ». Il a également souligné que des discussions sont encore à finaliser, mais que le travail effectué permettra une nette atténuation de la charge des collectivités locales. Ainsi, si l’État venait à mettre en place ces nouvelles taxes, cela pourrait faire descendre la part de participation de Toulouse Métropole à 506 millions d’euros.