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Endormie depuis 2020, l'avenue de Lyon attend patiemment son réveil. À deux pas de la gare Matabiau, cette artère stratégique va bientôt laisser place à un nouveau quartier moderne, écologique et ouvert à tous. Zoom sur ce projet phare qui transformera durablement cette entrée emblématique de la Ville rose.
Première phase du projet Grand Matabiau Quai d'Oc
Figurant parmi les axes structurants du grand projet urbain Grand Matabiau Quai d'Oc, l’avenue de Lyon s’apprête à vivre une profonde transformation. D’ici 2030, ce secteur stratégique autour de la gare Toulouse-Matabiau accueillera une gare entièrement réaménagée, connectée à la 3ème ligne de métro et à la future LGV. Le projet prévoit également d’offrir aux habitants un accès simplifié aux services du quotidien, selon le concept de « ville du quart d’heure » : logements neufs, commerces, bureaux et espaces verts seront accessibles à pied ou à vélo.
Démolition d'un quartier en bout de vie
Fenêtres emmurées, murs tagués, commerces à l'abandon, la rue a été progressivement rasée. Depuis les années 2010, Toulouse Métropole s'efforce de repenser cette avenue, jusqu'ici réduite à l'état de friche urbaine. Dès 2020, après d'importantes opérations de rachats immobiliers par l'intermédiaire de l'établissement public foncier, la métropole a engagé les premières démolitions.
Pas moins de 310 logements sur 455, répartis sur un périmètre de 2,5 hectares entre l'avenue de Lyon, le boulevard Pierre-Sémard, les rues Saint-Laurent et des Cheminots, ont été acquis. Un investissement conséquent de 70 millions d'euros, justifié par l'objectif de revitaliser ce secteur stratégique, à la jonction du centre-ville, du canal du Midi et du faubourg Bonnefoy.
L'opération s'est toutefois heurtée à certaines déconvenues. Durant cette phase de transition, le quartier a connu de multiples difficultés : squats illégaux, trafics de drogue et divers problèmes de délinquance. Comme l'explique Olivier Duvernois, directeur du projet Grand Matabiau : Nous avons dû faire face à la question des squats, parfois mafieux, mais aussi à des problèmes de trafic de drogue.
Pour éviter une dégradation supplémentaire pendant cette période délicate, des actions temporaires telles que la mise en place d'une guinguette éphémère et d'espaces provisoires ont permis d'animer ponctuellement l'avenue.
Un projet respectueux de l'identité locale
Dès cette année, la métamorphose entre dans une nouvelle phase, plus concrète. Toulouse Métropole, en collaboration avec les promoteurs Bouygues Immobilier et Vinci Immobilier, a dévoilé un projet respectueux de l'identité historique et populaire du quartier. Ce nouveau visage de l'avenue de Lyon comprendra 210 logements, dont 40 % seront dédiés au logement social. Nous ne voulons pas créer un quartier extraordinaire, mais le recréer en maintenant son côté populaire
insiste Annette Laigneau, vice-présidente de Toulouse Métropole chargée de l'urbanisme.
Le cabinet d'architecture parisien Hardel Le Bihan, associé aux agences locales Atelier Rita, Cros Leclerc et Atelier APA, signe un projet sobre, esthétique et profondément ancré dans l'histoire maraîchère du lieu. Les immeubles conçus pour le site se réfèrent explicitement à l'architecture traditionnelle toulousaine, avec notamment, une utilisation affirmée de la brique de réemploi, dans une démarche écologique et durable.
Les bâtiments, limités à 35 mètres de hauteur, seront pensés à taille humaine. Cyril Le Bihan, architecte coordinateur, précise : Tous les logements seront traversants ou bi-orientés, la hauteur sous plafond portée à 2,70 m favorisera la ventilation naturelle et le confort intérieur.
Des immeubles moins hauts, limités à 4 étages, seront placés à proximité directe du canal du Midi afin d'éviter un effet d'écrasement du paysage. Par ailleurs, l'aménagement d'espaces verts avec plus de 200 arbres plantés et des toitures végétalisées garantira une meilleure qualité de vie aux futurs habitants tout en créant un îlot de fraîcheur au cœur de la ville.
Un quartier animé, mixte et inclusif
Le nouveau quartier de l'avenue de Lyon ne sera pas uniquement un quartier résidentiel. Au-delà des logements, ce sont près de 5 800 m² qui seront dédiés à des commerces, services et équipements, afin de recréer une dynamique locale. Parmi les projets figure un hôtel d'une centaine de chambres, conçu sur un modèle hybride entre un hôtel économique et une auberge de jeunesse.
Un Pôle d'Innovation Sociale, destiné à accompagner les personnes en situation d'exclusion, ainsi qu'un restaurant solidaire de 300 m² complèteront l'offre de services.
Une résidence intergénérationnelle de 40 chambres est également prévue, permettant de renforcer la diversité sociale et générationnelle au cœur du quartier.
Priorité aux mobilités douces et au confort des usagers
Outre le bâti, le projet de l'avenue de Lyon intègre pleinement les enjeux liés à la mobilité urbaine durable. L'avenue, aujourd'hui étroite et inadaptée à la circulation piétonne et cycliste, sera élargie jusqu'à 29 mètres. Des trottoirs élargis allant jusqu'à 10 mètres seront aménagés, accompagnés d'une piste cyclable de part et d'autre de l'avenue.
Une voie réservée aux bus facilitera les déplacements vers le centre-ville, en parfaite complémentarité avec la future ligne C du métro, dont l'ouverture est prévue à l'horizon 2029, coïncidera avec l'arrivée des nouveaux habitants. Trois stations (Bonnefoy, Raisin, Matabiau Gare) seront alors accessibles à quelques minutes à pied.
Le projet prévoit également la création d’un parvis devant la gare Matabiau (parvis Lyon), associé à un grand parking mutualisé, permettant de gérer efficacement les flux de voyageurs et d’habitants du quartier.
Une livraison prévue pour début 2029
Initialement prévue pour une livraison à l'horizon 2026, la transformation de l'avenue de Lyon a subi quelques retards, notamment liés à des ajustements urbanistiques et au contexte économique du secteur immobilier. Désormais, le calendrier est arrêté : les permis de construire seront déposés dès le premier trimestre 2025, et les travaux débuteront courant 2026. La commercialisation des logements devrait démarrer fin 2025, avec des livraisons finales attendues entre fin 2028 et début 2029.
Malgré ces délais, les acteurs du projet restent confiants. Pour Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, ce projet constitue une "avancée majeure dans l'aménagement urbain de Toulouse". Le maire se félicite notamment du choix des matériaux bas carbone et biosourcés qui répondent aux normes environnementales les plus strictes (RE2020 seuil 2025 et 2028, Label BiodiverCity argent, Label Biosourcé niveau 3, Bâtiment Durable Occitanie niveau or, NF habitat HQE excellent).
